Publié le 25/03/2019
En 2015, 150 millions de personnes dans le monde dépensent toujours 40% de leurs revenus pour avoir accès à des soins.[1].
Plusieurs voix s'insurgent d'une telle situation au XXIème siècle. Il faudra attendre 2013 pour que l'Assemblée Générale des Nations Unies adopte la résolution en faveur de la création de la Couverture Sanitaire Universelle (CSU). Si la communauté internationale a appelé de ses vœux à se mobiliser en faveur d'une telle mesure, pourquoi tant de pays possèdent des systèmes de santé si archaïques ?
Parce-que la CSU n'est pas uniquement associée à la gratuité des soins pour une partie de la population la plus nécessiteuse, elle fait progresser les politiques de santé sur trois points :
On comprend bien que ces trois composantes ne sont pas faciles d'application et supposent une réforme en profondeur des systèmes de soins de la plupart des pays dans le monde.
Le choix du modèle de santé publique reste une vaste problématique. Il existe autant de schémas de protection que de modèles de société. Certaines puissances émergentes ont déjà posé la première pierre de l'édifice en instaurant la gratuité des soins aux plus pauvres. C'est le cas de la Chine, la Thaïlande, l'Afrique du Sud ou encore le Mexique.
Plus surprenant, la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest (Burkina Faso, Sierra Leone, Niger, Bénin, Sénégal) ont introduit des dispositifs de gratuité pour certaines catégories de leur population. Aussi, de 2005 à 2009, on enregistre des indicateurs au beau fixe dans cette partie de l’Afrique : le taux de césarienne a bondi au Mali (+50%), l'accès au soin des enfants en Sierra Leone (+200%), la mortalité maternelle au Bénin (-57%)[2]. La corrélation entre gratuité des soins et amélioration des conditions de vie n'est plus à faire.
Or, si tout le monde s'accorde sur l'intérêt de la Couverture Sanitaire Universelle, la question du financement reste en suspens. Comment penser un système de santé pérenne et équitable dans des pays où les recettes fiscales sont faibles voire inexistantes, qu'aucunes cotisations sociales ne sont prélevées sur les salaires, que les acteurs de la santé ne sont pas tous identifiés (mutuelles…) ? D'après l'OMS, lors de la Déclaration des Objectifs du Millénaire pour la Développement, seuls 8 pays aux faibles revenus pouvaient seuls supporter le coût de leur système de santé.
Tout est question d'expérimentation. Le Ghana par exemple en 2004, à travers son plan d'assurance-maladie nationale, proposait un prélèvement sur les salaires combiné à une ponction sur la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Dix ans plus tard, il s'avère que seul un tiers des Ghanéens bénéficie de l'accès au soin : la contribution réclamée à l'assuré est trop importante pour que chacun puisse l'honorer. Le Gabon, quant à lui, explore la piste des taxations sur les transactions financières ou de grosses entreprises (opérateurs de téléphonie mobile notamment). On voit bien la difficulté pour ces pays d'assumer, seuls, les frais liés à la mise en place d'une politique publique de santé. Les aides de gouvernement à gouvernement, même si elles sont liées à des conditionnalités (prêts souverains) peuvent s'avérer des solutions intéressantes. N'écartons pas non plus, à un niveau plus modeste, sur le court et le moyen terme, « l'arme de la coopération internationale », instrument de redistribution des richesses tout à fait pertinent pour répondre à ces problématiques sociales.
[1] Un défi pour les pays du Sud, par James Akazili et Charlotte Soulary, le Monde Diplomatique, janvier 2014
[2] Organisation Mondiale des Nations Unies, Données 2013
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