Fiche technique n°8 – Evaluer son projet de coopération et de solidarité internationale

Pourquoi évaluer ?

L'évaluation est un outil qui permet de :

  • Comparer la situation actuelle à une situation initiale de référence (objectifs),
  • Faire des recommandations et proposer des améliorations autour du projet,
  • Rendre compte aux partenaires, aux financeurs, aux citoyens, etc.

Pour qui évaluer ?

Pour les financeurs

Conduire une évaluation est une étape obligatoire pour prétendre à des financements publics. Bien souvent, la subvention accordée est octroyée en plusieurs tranches (deux ou trois). La dernière part des fonds dépend de la remise d'un document : le bilan. Évaluer son projet, qu'il soit de grande ou de petite envergure, est une étape incontournable dans le cycle de gestion de projet. Vous devez être en capacité au terme de votre projet, d'analyser, de critiquer, de rendre des comptes, dans un souci de transparence des fonds, règle incontournable des politiques publiques.

Pour vous-même

Il ne faut toutefois pas confondre l'évaluation avec des notions connexes comme le contrôle, l'audit, l'inspection… Évaluer son projet est souvent considéré à tort comme une sanction. Au-delà de rendre compte de ses activités et de la situation financière du projet, c'est avant tout une étape qui permet d'interroger et de remettre en cause ses propres pratiques. Ce travail est au service du porteur de projet et des bénéficiaires.

De nombreux acteurs décident d'eux-mêmes d'évaluer leur partenariat et ce dans un souci de qualité. Des partenaires qui travaillent ensemble depuis de nombreuses années, qui se connaissent bien, ont parfois besoin d'une aide extérieure pour réorienter ou redynamiser les projets en cours. L'objectif de l'évaluation n'est pas de remettre en cause un partenariat dans son ensemble mais bien de redéfinir et réorienter les priorités. Cette démarche est exemplaire et tend de plus en plus à se généraliser.

Quand évaluer ?

Il y a trois démarches distinctes quand on aborde la notion d'évaluation :

  1. L'évaluation ex ante (ou diagnostic) qui permet de s'assurer de la faisabilité initiale ou non du projet
  2. L'évaluation à mi-parcours qui correspond à la phase de suivi – mise en œuvre du projet
  3. L'évaluation finale, travail conséquent, qui dresse un bilan sur le projet dans son ensemble  

Comment évaluer ?

L'évaluation externe

Elle fait appel à un intervenant extérieur. Cette technique s'appuie bien souvent sur des bureaux d'études ou des associations spécialisées telles que le F3E. Ce processus est relativement long (entre six mois et un an) et représente un budget conséquent (entre 5 000 et 10 000 euros en moyenne). L'évaluation externe est notamment requise par le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et l'Union Européenne. Elle concerne des projets dont le budget est supérieur à 100 000 euros. Malgré son coût relativement élevé, cette méthode a l'avantage de faire bénéficier la structure d'un regard extérieur sur le projet. De plus, le travail proposé par les structures compétentes relève d'un réel accompagnement.

Les principales étapes de l’évaluation externe :

  • Décision de lancer une évaluation (prévue dans le document initial du projet ou en tant qu'initiative indépendante).
  • Élaboration des termes de référence, c’est-à-dire le cahier des charges qui définit les attentes et les critères de l'évaluation. C'est un moment très important : la rédaction se fait en lien étroit avec le partenaire du sud afin de s'entendre sur les résultats attendus de l'évaluation : que cherche-t-on à mesurer précisément ? Quelles sont les questions auxquelles devront répondre les évaluateurs ?… Les termes de référence d'une évaluation externe doivent préciser : le contexte dans lequel le projet a été mis en œuvre, la présentation de l'action à évaluer et les acteurs impliqués, les objectifs de l'évaluation, les grandes questions et hypothèses auxquelles devra répondre l'évaluation, la démarche proposée pour l'évaluation, les conditions financières et administratives… On peut bien évidemment au-delà de cette liste ajouter les éléments qui paraissent utiles à la restitution de l'étude.
  • Sélection de l'évaluateur : ce choix se fait sur appel d'offres. Les qualités appréciées dans la conduite d'une évaluation : méthodologie, connaissance du thème/du pays, relativiser l'objet étudié, animation de groupes, capacité de rédaction.
  • Recueil des informations sur le terrain (ici et là-bas) selon la méthodologie choisie (principalement des enquêtes, des réunions…)
  • Traitement et analyse des données  est de la responsabilité de l'évaluateur externe.
  • Restitution des conclusions et remise du rapport final par l'évaluateur en présence de l'ensemble des partenaires, appuyé d'un dossier qui reprend les décisions opérationnelles.

L'évaluation interne

C’est une démarche beaucoup plus simple : elle est menée directement par les opérateurs du programme (au Nord comme au Sud). Elle suppose qu'une mission soit menée sur le terrain et doit être budgétée dès la conception du projet. Si vous êtes amené à réaliser une évaluation de ce type, efforcez-vous de rédiger les termes de référence qui précisent les objectifs de votre déplacement, les personnes que vous allez rencontrer, les questions et hypothèses à vérifier… afin de trouver des formules simples et économes dans une logique d'auto-évaluation. Vous pouvez faire appel à des étudiants en Master « Evaluation », contacter des personnes ressources de la structure…

La mise en œuvre de l'évaluation

Il n'est pas aisé de mener ce travail d'évaluation lorsqu'aucun indicateur n'a été défini en amont du projet (au moment de la définition du cadre logique). Pour définir des indicateurs pertinents, il faut avant tout choisir des critères, à savoir l'angle de vue selon lequel on examine le projet (technique, financier, organisationnel, social…). Il faut veiller à définir des indicateurs facilement repérables et pertinents. De la même manière, la question de savoir comment vérifier ces informations doit être posée.

Critères « classiques »Indicateurs (exemples)
Efficacité : qu'est-ce qui a été fait par rapport à ce qui était prévu ?Ex : nombre de sessions de formation réalisées par rapport à celles estimées au départ.
Pertinence : les actions menées étaient-elles appropriées pour atteindre les objectifs fixés ?Ex : les sessions de formation étaient-elles bien adaptées au public ?
Efficience : quels sont les moyens engagés (humains, financiers, techniques…) par rapport aux résultats ? Ex : nombre de femmes formées par rapport au nombre de journées de formation financées.
Effet : quelles sont les conséquences immédiates des actions ?Ex : les modules de formation dispensés ont-ils permis un meilleur niveau de connaissance des participants ? Les compétences recherchées sont-elles acquises ?
Impact : quels sont les effets positifs et négatifs de cette action ?Ex : changement de comportement des usagers (hygiène), nombre de personnes sensibilisées… // tension entre les bénéficiaires, la population ne se saisit pas du projet.
Viabilité/pérennité : de quelle façon le projet va-t-il s'autogérer et ainsi être assuré de se poursuivre ? Ex : le nombre de sessions de formation dispensées par des anciens participants à la formation (capacité de diffuser et transmettre ses connaissances)…

Quelques conseils pour une évaluation réussie

  • L'évaluation finale doit être pensée dès le début du projet,
  • Des moyens humains, techniques et financiers doivent être mobilisés pour ce travail,
  • Une évaluation doit être pensée comme un processus participatif et non comme un contrôle,
  • Une évaluation concerne l'ensemble des acteurs du projet : pensez à tous les impliquer dans ce processus.

Pour aller plus loin, consultez aussi le Guide 05 de l'Agence des Micro Projets.

Centraider

CENTRAIDER est un réseau régional multi-acteurs, au service de toutes les structures engagées dans des projets de coopération décentralisée et/ou de solidarité internationale (collectivités territoriales, associations, établissements scolaires, hôpitaux, universités, etc.). CENTRAIDER s'est fixé pour objectif l'amélioration des pratiques des acteurs de la coopération et la solidarité internationale.

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